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Trois.1 : Production américaine - Extrait gratuit

Dernière mise à jour : 20 juil. 2022

Découvrez ici gratuitement le premier chapitre du deuxième tome de la trilogie Trois.1 : et comme il se doit, #Enjoy !

Chapitre 1 : Highway to HelL.A.

Lilie revint de ses vacances en Écosse sans avoir lu un seul de ses messages. Elle avait averti tout le monde, pour qu'il ne leur prît pas la fantaisie de lancer un avis de recherche sur un coup de panique : absente, pour elle, signifiait "pas là". Pas joignable. Pas textable. Pas appelable. Ailleurs. Même plus sur cette planète. Peut-être même pas dans cette galaxie. En tous cas pas dans ce continuum.

La contrepartie de ce silence fut, évidemment, une pile impressionnante de lettres, au format papier ou dématérialisées, dans ses boîtes, à l'entrée de l'appartement ou sur sa messagerie électronique. Lilie les ignora soigneusement. Elle comptait s'accorder quelques heures supplémentaires d'atterrissage en douceur, le temps de ranger ses affaires, mettre une machine à laver en route, remplir son frigo pour les quelques jours à venir, les derniers à Londres avant longtemps…

Trois.1 : Production américaine - Chapitre 1

En rentrant du supermarché, ses courses à la main, Lilie eut un choc. Une énorme Bentley était garée devant chez elle. Son chauffeur la repéra, sauta littéralement à bas du véhicule et se précipita pour ouvrir la portière arrière, d’où émergea une paire de jambes sublimement bronzées, aux pieds lacés de sandales à talons vertigineux. La jeune femme brune en tailleur azur qui descendit de la voiture était aussi grande qu'elle, ce qui signifiait qu'elle eût été bien plus petite déchaussée.


Lilie dut admettre que la façon de se mouvoir de sa visiteuse dénotait une maîtrise totale de l'art d'utiliser des talons aiguilles. Elle-même se serait tordu dix fois les chevilles sur le pavement inégal d'un trottoir londonien standard. Mais au-delà de la souplesse, ce fut l'attitude de cette femme qui mit Lilie en alerte maximale. Vu la classe sociale à laquelle elle appartenait ostensiblement, Lilie ne l'avait sûrement jamais rencontrée ; pourtant, la visiteuse semblait la connaître, tout en l'examinant avec curiosité. Le mélange était très perturbant.


Mademoiselle Jourdain, je présume ?[i]


À peine une pointe d'accent. Lilie ne s'y attendait pas.


— Oui.

— Sarah Hamilton, Carson plus pour très longtemps.


Le cadre avait été posé sans fioritures. Lilie avala sa salive, mesurant à toute vitesse les tenants et les aboutissants de ces quelques mots. Elle aurait peut-être dû rallumer son portable plus tôt, finalement.


— Pouvons-nous discuter ailleurs que dans la rue ?

— Si mon modeste chez-moi ne vous rebute pas, je peux vous y offrir une tasse de thé.

— Je vous remercie. Je vous suis.


Le refuge de la politesse abrite souvent des abîmes d'hypocrisie et de mensonges, mais c'est toujours une meilleure solution que de se sauter à la gorge. Un peu comme le disait Sir Winston Churchill à propos de la démocratie, la civilisation est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres. Lilie était quand même en train d'ouvrir sa porte à la créature qu'elle soupçonnait d'avoir tenté de conduire Ben au suicide, il y avait à peine quelques semaines de cela. Au nom de la bonne éducation…


Sarah prit place sur le canapé de la front-room. Lilie s'assit sur le fauteuil attenant, après avoir déposé sur la table basse un plateau vite composé de tasses à thé et d'une théière d'un service Villeroy et Boch, qu'elle ne sortait que rarement. Même les délicates lignes design de la jolie porcelaine blanche parurent pourtant du dernier banal entre les doigts somptueusement manucurés de cette fille de la meilleure société anglaise, qui jeta un coup d'œil vaguement surpris de se trouver dans un environnement aussi commun, et si éloigné de son habituelle sophistication.


Lilie avait maintenant reçu chez elle des stars internationales du cinéma et de la télévision, mais jamais elle ne s'était vue si… pauvre. C'était humiliant. Voilà. Sarah Hamilton était une leçon d'humiliation sur pattes, ou plutôt sur échasses. Une fois cette perspective établie, Lilie se sentit d'humeur combative. Aucune raison de laisser les Anglais tirer les premiers[ii].


— Vous avez de la chance de me trouver, je rentre tout juste de voyage.

— Je sais. On m'a confirmé votre retour il y a deux heures.


Lilie tiqua intérieurement sur la menace implicite de surveillance que la phrase supposa, mais choisit de ne pas céder au piège de la relever.


— À quoi dois-je l'honneur d'une visite aussi rapide qu'inopinée ?

— J'ai décidé de voir par moi-même la seule personne qui ne m'ait pas encore été présentée, et qui va pourtant partager la vie de mes enfants dans les mois à venir, voire les années.


Lilie et Sarah s'observèrent droit dans les yeux, sans aucune concession de part et d'autre.


— Si vous m'expliquiez ?

— Vous avez parfaitement compris. Benjamin demande le divorce. Je lui accorde, avec la garde des enfants. Ce que je veux savoir, c'est si vous êtes la maîtresse de mon mari ?

— Hé bien, voilà une question clairement posée. Elle aura donc une réponse claire : non.

— Vous le voulez ?

— Celle-ci est étrange, pour quelqu'un qui ne veut plus de lui.


Sarah sirota son thé, hochant la tête comme si elle se décomptait un point qu'elle venait imprudemment de concéder.


— Je suis ainsi la méchante de l'histoire.


Lilie se retint de pouffer d'un rire sarcastique. Cette femme ne manquait pas d'air. Mais si elle essayait de savoir à qui elle avait affaire, elle allait avoir une surprise.


— Au moins, n'en soyez pas la victime.

— Développez ?

— En reprenant votre liberté, vous la rendez à Ben et à vos enfants. Ils vous en seront reconnaissants, ce qui ne sera déjà pas si mal. Mais bien plus important, cela vous aidera à cesser d'être en colère. Vous retrouverez la paix avec vous-même dès que vous aurez compris que la seule vraie victime de la colère n'est jamais son objet, mais le sujet qui la ressent.


Sarah reposa un peu brutalement la tasse sur sa soucoupe.


— Vous pensez savoir ce que je ressens ? Vous ne manquez pas d'aplomb.

— Je ne le pense pas, je le sais. Vous portez tous les signes.

— Qui êtes-vous, Émilie Jourdain ? D'où sortez-vous ?

— De nulle part. Ne perdez pas votre énergie là-dessus.

— Je pourrais me renseigner.

— Vous l'avez déjà fait, de toute évidence. Vous êtes devant ma porte, à mon retour. Merci de m'avoir au moins laissé le temps de ranger mes valises…

— Vous êtes… aussi brutale qu'on me l'avait décrit. C'est une chose de le lire, une autre de le constater par soi-même.

— Mme Hamilton, puisque vous me créditez de quelque franchise, je vais en profiter. Je ne suis non seulement pas la maîtresse de votre futur ex-mari, mais n'ai aucune intention de l'être. Quant à vos enfants, ils sont adorables, mais ils sont et resteront les vôtres. Je n'envisage pas de vous en écarter pour me les approprier.

— Mais ça ne vous gênerait pas de voir Ben le faire.

— Je ne fais pas partie de sa famille. Je ne serais pas supposée m'en mêler. Mais si, ça me gênerait.

— Oh, vraiment ?

Oui, Madame. Cela signifierait que Colin et Harry en feraient les frais. Ben me remettrait probablement vertement à ma place, sans avoir entièrement tort, mais en sachant pertinemment qu'il ne ferait pas l'économie d'un commentaire… disons, acide, de ma part.

— Quelle drôle de relation vous avez.

— Je ne vous le fais pas dire.


Sarah réfléchit un moment, puis retira de son sac à main une petite boîte plate en argent finement ouvragé, dont elle sortit une carte d'un épais papier luxueux, qu'elle déposa en la claquant légèrement sur la table entre elle et Lilie.


— Voici mes coordonnées.

— Pour quoi faire ?

— Pour vous embarrasser de les avoir.

— Je pourrais déchirer cette carte.

— Vous ne le ferez pas.

— Tiens donc ?

— Nous nous comprenons, toutes les deux. Mieux qu'il ne le faudrait. Il se peut que nous ayons à nous reparler. Un jour.

— Il est à espérer que non.

— Je suis d'accord. Nous savons qu'il se serait produit quelque chose de grave. Autant ne pas prendre le risque de ne pouvoir nous joindre dans ce cas.

— Je ne vous demande pas si vous avez mes coordonnées…

— C'est inutile, en effet.


Sarah se leva et se dirigea vers la sortie. Avant de refermer la porte derrière elle, elle jeta un dernier coup d'œil à Lilie.


— Je vous laisse décider si vous parlerez de ma visite à Benjamin. Faites comme vous voulez. Et… franchise pour franchise : quittez Los Angeles aussi vite que vous pourrez. Vous allez détester cette ville. Conseil cadeau.

Timeo Danaos et dona ferentes.[iii]


Sarah salua l'humour sur un sourire appréciateur et s'en fut. Lilie revint dans son salon et s'affaissa sur les coussins de son canapé.


— J'en connais un qui va être ravi d'avoir de mes nouvelles… ronchonna-t-elle.


Elle se redressa et prit la carte de visite de Sarah. Attrapant son téléphone, elle y intégra les coordonnées. Voilà une entrée qui ne nécessiterait pas de photo. Puis elle composa un numéro.


— Allô, Ben ?

Trois.1 : Production américaine - Chapitre 1

[iv] Quelques jours plus tard, Lilie refit ses valises, pour six mois cette fois. Un service spécial vint les chercher la veille du départ. Judith l'avait avertie qu'avec le risque des paparazzis, ils n'auraient pas de temps à perdre avec les enregistrements et la récupération des bagages. Quoi qu'il en soit, Lilie fut soulagée de ne pas devoir traîner elle-même le joli volume de ses affaires, malgré un tri sélectif sévère.


Elle se rendit à Heathrow en métro, toute légère de son seul grand sac à main porté en bandoulière. Après le passage des contrôles de sécurité et des douanes, elle retrouva Ben, Maggie et les enfants dans un salon d'attente VIP.


— Pas de paparazzi en arrivant ? questionna Ben.

— Quelques photographes, mais ils ne me connaissent pas. Ils ne m'ont pas remarquée.

— Nous, si. J'ai cru que j'allais en massacrer un qui essayait de flasher les petits.

— Difficile de garder le masque du gentil acteur quand on s'en prend à tes poussins, hein ?

— Plutôt, oui. J'ai prévu quelques gardes du corps, en arrivant aux States, parce que c'est infernal là-bas. Mais je n'avais pas pensé que la fête commencerait dès le départ…


Lilie tenta de lui changer les idées en lui parlant de questions en suspens dans son agenda, de modalités pratiques de toutes sortes que Judith lui avait transmises. Elle essaya surtout de ne pas revenir sur la discussion tendue qu'ils avaient eue lorsqu'elle l'avait appelé après la visite de Sarah. Peine perdue.


— Ben, tu n'écoutes pas un mot de ce que je te dis, n'est-ce pas ?

— Non. J'avoue.

— Qu'est-ce qui te tracasse ?


Ben entraîna Lilie à quelques mètres des sièges où jouaient Colin et Harry, sous la surveillance de Maggie.


— Je n'ai pas de nouvelles de la notification de la demande de divorce par le tribunal.

— C'est une question de jours. Ton dossier a été rédigé et déposé par le plus grand cabinet d'avocats de la place. Tu ne crains rien de ce côté-là. Donc ce n'est qu'un délai administratif, rien de plus.

— Je voudrais que ce soit déjà fini.

— Ça vient juste de commencer ! Plus tu trépignes, plus ça va te paraître long ! Lâche prise, un peu. Sois positif. Tu te rends compte que tu pars avec tes enfants, alors que tu te préparais à ne pas les revoir avant le mois de décembre ?


Le sourire lumineux qui éclaira le visage de Ben aurait fait la fortune d'un photographe de mode. Ses yeux bleu glacier plissés paraissaient encore plus clairs en contraste de sa peau bronzée. Dans ce portrait qui aurait causé une émeute parmi les files d'attente des passagers à deux pas de leur abri, Lilie ne vit qu'une chose : un homme ayant retrouvé quelque estime de soi après le franchissement victorieux d'une épreuve.


— Tu as raison. J'ai eu si peur de les perdre.

— Je me rappelle ce que tu m'as raconté à Cardiff. Sacré chemin parcouru, non ? Souviens-t'en.


Il fut temps d'embarquer. Les passagers des classes économiques étaient déjà à bord, et la plupart de ceux de la classe business. Ben et "sa suite", comme Lilie la nomma mentalement, sortirent au pas de course de la salle d'attente VIP par une porte discrète proche de la rampe d'accès à l'avion. Ils montèrent les derniers, pour minimiser tout contact avec le public, casquettes aux visières baissées et lunettes noires de rigueur pour tout le monde. L'équipage qui les reçut, prévenu et rodé à l'exercice, les installa en un tournemain dans la cabine Première Classe, où les panneaux de séparation furent rapidement dressés.


Avant de s'engouffrer à sa place, Lilie jeta un coup d'œil au compartiment. Juste derrière eux, un groupe de hard-rock occupait bruyamment une dizaine de sièges. Interloquée, elle découvrit, aux pieds d'un musicien serrant contre lui comme un bébé sa magnifique guitare électrique, un sac avachi laissant échapper une flopée de petites cannettes de bière. Lilie ne voulut pas savoir comment il avait réussi à passer l'alcool à bord. Leurs yeux se croisèrent. Loin de se démonter, elle lui fit un geste des mains, en une sorte de "C'est quoi ça ?" et un hochement de tête vers Colin et Harry, que Maggie installait entre elle et Ben, déjà assis. Le hardos suivit son mouvement et découvrit les enfants qui sautillaient sur les sièges, tout excités. Il lui marqua sa compréhension de l'index, pointé au sommet de son crâne, orné au-dessus de l'oreille de motifs vikings, et aussi chauve que sa barbe et ses moustaches étaient longues. Non seulement le sac fut rapidement dissimulé, mais le mot se répandit qu'il y avait des petits. Quelques autres sachets disparurent ; le langage se fit comme par miracle moins gras et bruyant.


Un peu surprise d'un tel effet, Lilie tendit au musicien un sourire de remerciement, avant de recevoir celui du steward qui se coupa en quatre pour s'assurer de son confort. Pas besoin de mots pour se dire certains soulagements. Le vol allait être long pour l'équipage de cette section de l'appareil, avec de sérieux risques d'être beaucoup moins calme que les classes économiques, si quelque chose dérapait.


Le décollage se passa sans encombre, à part Harry qui hurla, victime du mal d'oreilles particulièrement pénible pour les bébés. Par contre, sitôt l'altitude de croisière atteinte, il s'endormit comme une masse et on ne l'entendit quasiment plus de tout le voyage.


Lilie avait fait nuit blanche la veille, pour dormir pendant le vol et commencer à anticiper le décalage horaire de huit heures de moins entre Londres et Los Angeles. Elle avait joué en ligne à World of Warcraft. Comme elle ne pensait pas pouvoir refaire de parties avant longtemps, elle en avait largement profité. Jusqu'à ce que vers quatre heures du matin, elle menât son avatar de niveau maximum, à la capitale de Hurlevent pour y faire l'emplette de quelques fournitures en préparation d'un raid. Là, un joueur de niveau 1, de la classe des Chasseurs, sut attirer son attention. Son pseudonyme "Suislelapinblanc" était un code en soi. Elle se laissa guider par le personnage, qui courut se planter de l'autre côté de la place de l'Hôtel des ventes, devant la Banque de la ville[v].


Slt[vi], Athéna. (09/11)-1. LFEAN.[vii]


L'avatar certainement créé ad hoc disparut sans autre forme de procès, sitôt son message privé tapé. Lilie reconnut parfaitement bien de qui il s'agissait. La référence 09/11[viii], à part être mondialement connue, ne pouvait être qu'interprétée de façon plus personnelle, suivie ainsi d'un "moins un". Inutile de se demander comment Chasseur était au courant que le 10 septembre[ix] était son jour de naissance. Sachant le goût du hacker pour les énigmes à étages multiples, Lilie traduisit facilement le sens général du message des plus concis. Un "vent hurlant" dans un lieu d'argent de la capitale de l'Alliance, allait le faire s'effondrer, en guise de cadeau d'anniversaire. Comme la Force était "avec nous", les choses étaient en bonne voie. En résumé, le compte à rebours devant sceller le sort des Bennett avait commencé. Super.


Lilie s'était déconnectée juste après, toute envie de jouer envolée. Entre la visite de Sarah Hamilton et celle, virtuelle, de Chasseur, elle était finalement très contente de quitter Londres et se lancer à corps perdu dans sa nouvelle aventure. Six mois d'une vie probablement encore plus folle que les six derniers. Elle avait repoussé jusqu'au déni la perspective de ce qui l'attendait, préférant la crainte de la panique à la panique elle-même.


À dix mille pieds d'altitude et près de neuf cents kilomètres à l'heure, Lilie serait dans environ onze heures à Los Angeles, U.S.A., métropole qu'elle associait culturellement à une sorte de Baal-Moloch[x], fabuleuse machine à broyer, capitale du rêve et des cauchemars.


Elle patienta jusqu'au premier service de repas, après lequel elle s'endormit pour la première fois dans un avion. Habituée aux classes économiques, elle entendit bien profiter sans retenue du luxe d'un siège qui pouvait se transformer en "presque vrai lit".


Ben contint mal un sourire en la voyant se boucher consciencieusement les oreilles pour éloigner le bruit des réacteurs, s'enrouler en boule dans une couverture polaire jusqu'à ne laisser dépasser qu'une ou deux mèches de cheveux. Il ne découvrit pas si elle ronflait ou non, car s'il se plongea dans le visionnage d'un film sur la tablette de son siège, il piqua du nez assez rapidement, Colin dans les bras.


L'avion fonça au-dessus de l'Atlantique, fuyant la nuit de l'Europe pour se faire happer par le soleil de l'Amérique.

Trois.1 : Production américaine - Chapitre 1

Quelques heures plus tard, l'équipage commença à réveiller en douceur les passagers assez prévoyants pour se synchroniser avec le fuseau horaire de leur destination. Le petit déjeuner fut servi. Lilie en profita ensuite pour aller faire un brin de toilette autant que se dégourdir les jambes en arpentant toute la longueur de l'avion. Déjà six heures d'immobilité, et l'ankylose s'installait sérieusement. Encore un peu plus de cinq heures de ce régime, il fallait bouger pour éviter les impatiences.


Elle regarda les voyageurs entassés de la classe économique avec un soupir. Il n'y avait guère, elle aurait été l'un d'eux. Elle savait ce que c'était, elle avait passé jusqu'à vingt heures dans l'exiguïté d'un siège digne d'une capsule spatiale russe de la belle époque. Il faudrait qu'elle remercie encore Ben pour sa générosité. Quelques trente pauvres centimètres supplémentaires pour étendre ses jambes pouvaient coûter plusieurs centaines d'euros par trajet ; elle ne voulut pas imaginer à combien revenait un siège en première classe.


De retour à sa place, Lilie trouva le groupe de hard-rock bien éveillé. Le musicien avec lequel elle avait échangé un message silencieux au sujet du pack de bière clandestin lui fit un salut rigolard, lui montrant sa guitare, sous laquelle le sac était soigneusement caché.


Lady, promis'd, not in front of the kids…[xi]


L'accent américain était littéralement liquide. Lilie se souvint de la leçon d'un de ses professeurs de langues, en classe de quatrième, qui avait une théorie bien particulière pour dédouaner ses élèves sur leur déplorable niveau de compréhension orale :


— La différence entre l'accent des Anglais et celui des Américains tient dans leur nourriture. Les premiers parlent avec des patates-vapeur chaudes dans la bouche. Ça n'a pas de saveur mais ça oblige à avoir une diction claire. Les Américains n'ont à leur disposition que du soda chimique plein de bulles qui piquent et aromatisé au ketchup industriel. Avec un goût aussi dégueulasse, il ne faut pas s'étonner qu'ils avalent tous leurs mots, pour en finir au plus vite. Nous avons la chance d'avoir une langue qui se déguste à chaque syllabe.


Elle aurait aimé recroiser cet enseignant un jour, pour lui dire à quel point son observation lui avait servi…


No problem. Thanks anyway.

You Brit'?

Nope.

Where from, then?[xii]

Europe.


Cela lui parut suffisant. Vu le niveau de culture générale de l'Américain moyen, le type ne devait probablement pas savoir que l'endroit d'où il avait décollé ne faisait plus partie de l'Union européenne, qui elle-même n'était pas un pays en soi. Aller révéler qu'elle était Française ne pourrait que causer la réaction quasi pavlovienne du mâle anglo-saxon ne se pensant pas surveillé : un déclenchement débridé de fantasmes, dont l'expression ne serait pas forcément du meilleur goût. Les Suédoises avaient le même problème en France.


— Allez, dites-moi. Il y a de tout en Europe. Allemande ? Danoise ?


Lilie le considéra avec une vraie surprise. En voilà un dont l'habit ne faisait pas le moine. Elle était habituée que son physique fût généralement associé aux populations nordiques, avec ses yeux bleus-gris et ses cheveux blonds presque blancs. Encore fallait-il les connaître.


— Vous prendrez un verre avec moi à l'arrivée si je trouve ?

— Vous n'aurez que trois essais.


Ben, réveillé lui aussi, se retourna dans son siège, étonné de voir Lilie si peu impressionnée par la bande de velus bardés de cuir qui l'entourait, et vaguement inquiet de la nature de la discussion. Non qu'il craignît un dérapage à bord même de l'avion, mais avec ce genre de bourrins, et une Lilie toujours sur la défensive avec les inconnus, savait-on jamais…


— Polonaise ?

— Non.

— Hollandaise ?

— Non.

— Autrichienne ?

— Raté !


Des rires gras du reste du groupe accueillirent la mine dépitée du musicien. Pas découragé par sa défaite, il lui souffla un baiser. Lilie lui fit une petite révérence de victoire moins modeste que moqueuse.


— Allez, j'ai perdu. Dites-moi au moins d'où vous venez.

— Elle est du pays qui fait les meilleurs gâteaux au chocolat du monde.


Colin s'était glissé devant Lilie, les sourcils froncés ; le portrait craché de son père quand quelque chose ne lui convenait pas. Les adultes le considérèrent un peu interloqués, avant de rire franchement à l'attitude clairement protectrice du petit garçon.


— Hey, bonhomme, c'est vrai ça ? Mais c'est où ce pays merveilleux ?

— Moi, je sais. La France.


Le voisin du musicien venait de repousser la couverture polaire sous laquelle il était encore à demi dissimulé. Une tête apparut, aux longs cheveux blonds sous un bandana à crâne de mort et lunettes noires baissées sur les yeux. Sa bouche entourée d'une barbiche d'une nuance plus foncée produisit un sourire satisfait de lui-même.


— Y'a qu'eux pour prétendre faire des gâteaux mieux que ceux de ta mère, Izzie, je te jure. Même sans bière dedans.

— Sans bière, c'est pas des gâteaux, ça…


Ben n'aimait pas du tout la tournure de la conversation, et encore moins savoir son fils à moins de cinq mètres de la bande de barbares. Maggie, encombrée de Harry, ne pouvait intervenir mais contemplait discrètement, elle aussi, la scène avec inquiétude. Ben commença à se redresser, prêt à s'interposer. Il fut sidéré par la réaction de Lilie.


Nom de Zeus ! Je vous reconnais !


Lilie ? Reconnaître quelqu'un ? Ben en resta figé dans son geste de sortir de son siège, bouche bée.


— Vous êtes le chanteur des Frost Death ! Tommy Reed ! J'y crois pas !


Ben n'y croyait pas non plus. Lilie, qui n'avait même pas été fichue de découvrir qui il était quand ils s'étaient rencontrés, qui perdait le moindre nom de toute nouvelle tête en moins de trente secondes, qui prenait toutes les personnes de son répertoire téléphonique en photo pour pouvoir s'en souvenir, venait de décliner l'identité d'un hardos planqué au milieu de sa cour d'ours mal léchés.


La suite devait le scotcher.


— Je suis une de vos fans ! J'adore votre dernier album ! Qu'est-ce que ça envoie !


Ben dut se pincer. Lilie, en fan. La voix devenue presque aiguë d'excitation. Qui adorait un album de Métal. Parce qu'il "envoyait". Ben eut soudain la certitude que l'avion avait pénétré dans une bulle dimensionnelle et que des Aliens n'allaient plus tarder de faire leur apparition. Même Colin en fut stupéfait, levant le nez en l'air pour la considérer par-dessous.


— Tu connais les Frost Death ? Je les aime bien aussi !


Cette fois, c'en fut trop pour Ben. Colin ??? D'où est-ce que son fils de six ans connaissait un groupe de hard-rock ??? Un coup d'œil interrogateur vers Maggie l'acheva. Elle se mangeait les lèvres pour ne rien avouer. Ben eut une intuition : Tom… Ils allaient avoir une conversation, dès son arrivée à L.A..


— Merci, fit simplement le chanteur reconnu. Toujours sympa de croiser des fans… de toute taille. Tu as quel âge, bonhomme ?

— Six ans et trois mois !

— Sacrément grand. Presque comme ma princesse. Et tu t'appelles ?

— Colin Carson.

— Carson… ?


Le chanteur examina de plus près le garçon. Non seulement le nom lui était familier, mais ce visage…


— Bonjour. Enchanté de vous rencontrer. Je suis Benjamin Carson, le père de Colin. J'espère qu'il ne vous ennuie pas ?


Des sifflements et des applaudissements saluèrent l'entrée en scène de Ben, qui s'était dressé derrière Lilie et son fils. Tommy Reed se leva à son tour et serra sans façon la main tendue de l'acteur, pouce vers le haut de l'autre.


Man, c'est un honneur. Je me disais bien que le petit était le portrait craché de quelqu'un… Woaw, les gars, voilà un mec qui sait faire péter un écran !


L'approbation du groupe fut bruyante, au point que le steward et l'hôtesse en charge de leur section passèrent chacun une tête un peu soucieuse par les cloisons mobiles. Colin, tout fier que son Papa soit connu d'un de ses chanteurs favoris, le laissa le reprendre dans ses bras avec un grand sourire.


— Vous étiez d'enfer dans McBeth !


Ce fut au tour de Lilie de rester sidérée. Elle aurait parié sur n'importe lequel des films d'action de Ben, mais sûrement pas sur une pièce de Shakespeare. Sa stupeur dut être un tout petit peu trop évidente, car Reed lui adressa un clin d'œil.


— On peut aimer les riffs et ne pas être totalement inculte, Lady. Mais rassurez-vous, je suis aussi un fan de Clues. Bon sang, la fin de la saison 4, c'est dur. Vous nous réservez quoi pour la 5 ?

— Disons que vous ne devriez pas être déçu.

— 'Pouvez rien dire, hein ? Je comprends. C'est normal. Bon, tout ça ne nous dit toujours pas le nom de la Dame. Elle est bien mystérieuse.

— Je m'appelle Lilie.

— Lilith ? répéta Izzie le musicien, interprétant mal le "e" expiré avec l'accent français.

— Non, Li-li-e. Lily, si c'est plus simple.

Lilies of Lilith[xiii]. Pas mal. J'aime bien. Je vais la recaser.


Colin sortit le téléphone de son père de sa poche de sweat-shirt.


— Tommy, je peux avoir un selfie avec toi ? Mon parrain va être jaloux si je lui envoie.


Les yeux de Ben se plissèrent. S'il avait encore un doute sur l'origine des goûts musicaux de son fils, il était fixé.


— Il s'appelle Tom. Il t'imite super bien quand il chante vos chansons.


De mieux en mieux. Lilie était en plus en train de pouffer bêtement comme une écolière. Elle n'allait pas réclamer un selfie aussi, tout de même ?


Sur les rires bon enfant des membres du groupe, Colin passa de bras en bras, tous plus tatoués les uns que les autres, entre barbes interminables, cuirs, chaînes et ceintures cloutés dont on se demandait comment ils avaient traversé les portiques de sécurité de l'aéroport. Lilie prit de son propre portable Ben et Tommy ensemble, gloussant intérieurement à la pointe de crispation du premier et de l'air de fan emballé du second.


Le reste du voyage se déroula à discuter musique et cinéma, deux mondes qui se croisaient parfois mais existaient finalement assez en parallèle. Leurs seuls points de rapprochement étaient souvent les médias, et la rubrique people. Ben et Tommy se découvrirent une détestation commune des paparazzis, qui créaient leur légende autant qu'ils leur pourrissaient la vie.


À la fin du vol, les deux hommes avaient sympathisé sur le récit de leurs nombreux démêlés avec les membres de cette peu reluisante corporation. Les deux célébrités échangèrent leurs coordonnées. Ben, Lilie et Colin furent invités à assister, dès qu'ils le pourraient, à l'enregistrement du nouvel album des Frost Death, dans un studio de L.A.. Ben ne put faire moins que de convier le groupe à venir regarder un de ses prochains tournages à Hollywood. Une Lilie sautillante comme une gamine fut chargée d'arranger les agendas.


De retour à leurs sièges pour se sangler en vue de l'atterrissage, Ben passa Lilie au crible de ses questions.


— Ta prosopagnosie est sélective, à ce que je vois…

— Quand tu as écouté un album des dizaines de fois, ça finit par imprimer, tu sais…

— Tu ne m'avais donc pas vu des dizaines de fois…

— Euh… Tu endosses tellement de rôles… Tu es tellement protéiforme… On s'y perd…

— Mouais. Et une fan… Non mais, une vraie fan, tremblante et bredouillante ! De hard-rock, en plus ! Tu m'auras tout fait !

— Tu ne sais rien de moi.

— C'est ce que je constate ! D'où sors-tu cet accent américain, maintenant ?

— J'ai une bonne oreille.

— Ne te fiche pas de moi. Où as-tu appris ? Tu as vécu aux États-Unis ?

— Non.

— Ce n'est pas la première fois que tu y viens, quand même ?

— Non.

— Où as-tu été ? New York ? Miami ?

— Non. La Nouvelle-Orléans.

— Choix culturel ?

— Littéraire, plus précisément.

— Comment ça ?

— Anne Rice[xiv]. Je suis fan depuis toujours de ses livres.

— Je vois. Les vampires français, évidemment.

— Lestat de Lioncourt et Louis de Pointe-du-Lac[xv]… Ce sont des rôles qui vous iraient bien, à toi et à Tom…

— Je préfère Bram Stoker. En Dracula et Jonathan Harker[xvi], ça aurait de la classe…


Dès l'avion posé, les groupes de Ben et de Tommy furent évacués en priorité et en toute discrétion. Ils se séparèrent sur des sifflements, des applaudissements et de grandes claques mutuelles dans le dos. Les formalités de douane et de sécurité accomplies, restait l'épreuve de la sortie de l'aéroport. Lilie fut stupéfaite de la vitesse à laquelle Ben se ferma. D'un geste nerveux, il s'assura que les enfants portaient bien casquettes et lunettes. Maggie enveloppa Harry dans un châle léger mais opaque, qu'elle semblait avoir prévu à cet effet. Ben mit Colin dans les bras de Lilie. Le gamin protesta.


— Je ne suis plus un petit, maintenant. Je peux marcher tout seul !

— Il va falloir courir, Colin. Au milieu de beaucoup de monde. Il va y avoir du bruit et des flashes. Je ne veux pas te perdre en route. Allez, on y va, vous êtes prêts ?

Trois.1 : Production américaine - Chapitre 1

Lilie avait déjà vu à la télévision ou dans quelques magazines, des vidéos ou des photos d'arrivées de stars dans des aéroports, mais elle n'avait pas imaginé un cirque pareil. À peine la porte de la salle ouverte, une meute hurlante se dressa comme un mur sur leur chemin. Harry cria de frayeur. Maggie le serra contre elle et plongea la première dans la masse. Elle savait qu'elle allait pouvoir passer, car elle n'était rien et parce qu'elle tenait un bébé invisible. Proie sans intérêt. Lilie la suivit, juste sur ses talons, terrorisée à l'idée de la perdre de vue ou de lâcher Colin, pelotonné contre elle. Elle ne vit plus Ben, qui avait marqué une pause.


C'était une stratégie pour gagner du temps aux deux femmes et aux enfants. Elles franchirent l'obstacle de la barrière de photographes-reporters, bousculées sans ménagement, mais pas repoussées ni harcelées. De l'autre côté, trois gardes du corps les attendaient. Le premier les récupéra, refoulant sans douceur quelques parasites moins bien placés par rapport à Ben, qui tentèrent sans conviction leur chance sur les accompagnants de la star. Les deux autres armoires à glace fendirent la meute et rejoignirent Ben.


Maggie et Lilie coururent derrière le premier garde, qui les guida tout en lançant des coups d'œil acérés autour d'eux vers la sortie. Lilie découvrit avec malaise l'étui contenant une arme sous le bras de leur protecteur. Une Limousine les attendait, une première pour la Française, qui ne se souvenait même pas en avoir jamais croisé une. À peine engouffrée dans l'énorme véhicule, elle déposa Colin, qui se jeta aussitôt à la fenêtre teintée, fou d'angoisse en ne voyant pas arriver son père.


On ne distingua d'abord que la cohorte de paparazzis, beuglant des séries de questions toutes plus stupides les unes que les autres.


— Ben, content d'être retour chez vous ? (Tiens, la Déclaration d'Indépendance a été abolie, que les Anglais soient chez eux aux States ?)

— Ben, vous êtes bien arrivés à L.A. ? (Ah bon ? On n'est pas à Milwaukee ?)

— Ben, un commentaire sur les rumeurs de votre divorce ?

Lilie se mordit violemment la lèvre. Comment étaient-ils déjà au courant ? Ben lui-même trépignait de ne pas avoir de nouvelles du tribunal !


Lilie baissa le regard sur Colin. Il avait parfaitement entendu la dernière question. Il se recula au fond de la voiture et tourna le dos pour observer le paysage de l'autre côté. Elle le rejoignit et lui serra l'épaule, sans un mot. Il avait les yeux embués et la lèvre tremblante.


La portière s'ouvrit et se ferma en claquant sur un Ben plus sombre que jamais. Pas besoin qu'il retire ses lunettes pour constater à quel point il était furieux. Sa colère monta d'un cran quand il aperçut Colin. Lilie lui laissa immédiatement la place pour qu'il prenne son fils sur les genoux.


Les trois gardes du corps, restés dehors, balayèrent de leurs bras l'avant de la Limousine, pour lui permettre de démarrer sans blesser quiconque. Franchement, cela n'aurait chagriné personne à l'intérieur du véhicule. Mais au pays du Premier Amendement[xvii], écraser un "journaliste", même de cette sorte-là, était inconcevable.


Welcome to the United States of America, avait lancé fièrement le douanier qui avait contrôlé leurs papiers.

Abandon all hope, ye who enter here[xviii], avait susurré Tommy à l'oreille de Lilie.


À regarder la horde de démons braillant, armés d'appareils photo numériques aux objectifs aussi longs que des fourches, Lilie comprit la mise en garde du chanteur de hard-rock. Cela ne faisait que confirmer ses craintes sur la ville des soit-disant Anges. Sarah Hamilton avait peut-être raison : elle risquait de ne pas aimer cet endroit.

Trois.1 : Production américaine - Chapitre 1

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[i] Les textes en italique sont dans la langue employée dans le dialogue. [ii] Comte d'Auteroche. [iii] "Je crains les Grecs quand ils font des cadeaux". Dans l'Énéide de Virgile, référence au cadeau empoisonné des Grecs aux Troyens, le Cheval de Troie, qui causa leur perte. [iv] À écouter : Pink Floyd – Run Like Hell. [v] World of Warcraft. [vi] Slt = : Salut. [vii] LFEAN : Acronyme geek pour "La Force Est Avec Nous" (Star Wars). [viii] Prononcer "Nine-Eleven" : 11 septembre (2001), date des attaques terroristes contre les tours jumelles du World Trade Center, à New York City, et du Pentagone à Washington D.C., U.S.A., qui firent au total environ 3.000 victimes et deux fois plus de blessés. [ix] Quelques héroïnes récentes partagent cette date de naissance : Isabella Swan (du moins en vampire) dans Twilight, Anastasia Steele dans les Cinquante Nuances de Grey… Il était d'autant plus irrésistible de faire rejoindre ce club à Lilie que… c'est également celle de l'auteur ! [x] Connu sous diverses déclinaisons jusqu'à Jérusalem où il a eu un culte, Moloch est une des formes du dieu mésopotamien Baal, époux d'Astarté. Il fut notamment adoré par les Phéniciens et les Carthaginois, qui lui sacrifiaient des enfants par le feu. Finalement, les Romains avaient quelques raisons de décréter : "Carthago delenda est" (Il faut détruire Carthage.")… [xi] Traduction : "Lady, promis, pas devant les mômes…" [xii] Traduction : "Pas de problème. Merci quand même." "British ?" "Nan" "D'où alors ?" [xiii] Les lys de Lilith : dans les légendes juives du Moyen Âge, Lilith est la première femme créée, avant Ève. Ayant refusé (et on la comprend) de se soumettre à l'arrogance l'autre création dénommée Adam, le mâle se prétendant supérieur (ça les a pris très tôt, décidément…), Lilith découvrit le premier effet de la solidarité entre mâles, qu'ils fussent dieu ou humain : répudiée et chassée, elle jura de se venger et devint un démon (comme c'est commode). [xiv] Anne Rice. [xv] Personnages des romans "Entretien avec un vampire", "Lestat le Vampire", "La Reine des Damnés", entre autres. [xvi] Bram Stoker & Dracula. [xvii] Premier amendement de la constitution des États-Unis d'Amérique, garantissant entre autres la liberté de la presse. [xviii] Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir, inscription sur la porte de l'Enfer, selon Dante Alighieri.

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